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Quelles solutions pour sortir de la crise de l’eau en Guadeloupe ?

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La Guadeloupe est confrontée à une crise de l’eau persistante qui impacte des milliers d’habitants au quotidien. Pourtant, l’île ne souffre pas d’un manque de ressources en eau, mais bien d’une gestion défaillante et d’infrastructures vétustes qui entraînent des pertes massives et des coupures fréquentes.

Cette situation, qui dure depuis plusieurs décennies, suscite de nombreuses interrogations : comment en est-on arrivé là ? Quelles sont les conséquences pour la population ? Et surtout, quelles solutions peuvent être mises en place pour garantir un accès fiable à l’eau potable à tous les Guadeloupéens ?

 

Origine et disponibilité de l’eau potable :

L’eau potable en Guadeloupe provient de diverses sources :​

  • Basse-Terre : 70 % de l’approvisionnement provient de prélèvements dans les rivières et 20 % de captages de sources.​
  • Grande-Terre et Marie-Galante : Les 10 % restants proviennent de forages exploitant les eaux souterraines.

Ces chiffres indiquent que la ressource en eau est présente en quantité suffisante pour répondre aux besoins de la population. ​

Problèmes liés à l’exploitation et à la distribution :

Malgré une ressource en eau abondante, la Guadeloupe fait face à des défis majeurs dans son système de distribution :​

  • Pertes dans le réseau : En 2020, environ 61 % de la production d’eau potable était perdue en raison de canalisations vétustes, soit près de 50 millions de mètres cubes d’eau par an.
  • Stations de traitement obsolètes : 70 % des stations de traitement des eaux usées ne sont pas conformes aux normes, entraînant des rejets d’eaux usées non traitées dans la nature ou en mer.

Ces problèmes techniques sont aggravés par des difficultés de gestion, notamment des défaillances comptables et des déficits financiers au sein des structures responsables de l’eau, comme le Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG). ​

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Les causes structurelles de la crise de l’eau en Guadeloupe

La crise de l’eau en Guadeloupe est le résultat de problèmes structurels qui se sont aggravés au fil des décennies. Trois facteurs principaux expliquent cette situation : la vétusté des infrastructures, la mauvaise gestion des ressources et les retards dans les travaux de rénovation.

Un réseau de distribution vieillissant et fragile

L’un des principaux problèmes est la vétusté du réseau de distribution d’eau. En moyenne, plus de 60 % de l’eau potable produite en Guadeloupe se perd dans les fuites avant même d’atteindre les consommateurs. Ce phénomène est dû à des canalisations obsolètes, certaines datant de plusieurs décennies, qui n’ont pas été remplacées à temps. L’absence d’un entretien régulier et d’investissements dans la modernisation du réseau a contribué à cette dégradation progressive. À cela s’ajoutent des ruptures de canalisations fréquentes, rendant l’approvisionnement instable et aléatoire.

Une gestion défaillante et un manque de coordination

La gestion de l’eau en Guadeloupe a longtemps été marquée par des dysfonctionnements. Avant la création du Syndicat Mixte de Gestion de l’Eau et de l’Assainissement de Guadeloupe (SMGEAG) en 2021, plusieurs opérateurs publics et privés se partageaient la responsabilité du service, ce qui a engendré une grande confusion et un manque de coordination. De plus, la mauvaise gestion financière de ces structures a aggravé la situation, avec des dettes accumulées et une incapacité à assurer des investissements à long terme. En 2025, la situation reste critique : l’État a suspendu des subventions en raison de défaillances comptables du SMGEAG, freinant encore davantage les projets de rénovation.

Des travaux de rénovation insuffisants et retardés

Face à l’ampleur du problème, plusieurs plans de rénovation ont été annoncés au fil des ans, mais la mise en œuvre reste laborieuse. Les lourdeurs administratives, les difficultés à mobiliser des financements et des choix politiques parfois contradictoires ont considérablement ralenti les projets. Certains chantiers majeurs, censés améliorer l’approvisionnement en eau potable, ont pris plusieurs années de retard, voire ont été suspendus. Le manque de transparence sur l’utilisation des fonds alloués à ces travaux alimente aussi la méfiance des habitants, qui subissent de plein fouet les conséquences des coupures d’eau récurrentes.

La crise de l’eau en Guadeloupe est la conséquence directe de décennies de négligence et de mauvaise gestion. Si des solutions existent pour redresser la situation, elles nécessitent une volonté politique forte, des financements pérennes et une gestion plus rigoureuse des infrastructures existantes.

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L’impact sur la population de la crise de l’eau en Guadeloupe

La crise de l’eau en Guadeloupe a des répercussions profondes sur la vie quotidienne des habitants, affectant aussi bien leur bien-être que l’économie locale. Les pénuries récurrentes, les coupures fréquentes et la mauvaise qualité de l’eau impactent directement la santé publique, l’activité économique et la confiance des citoyens envers les institutions.

Des pénuries chroniques et des coupures d’eau à répétition

Les habitants de la Guadeloupe font face à des restrictions d’eau de plus en plus fréquentes et prolongées. Certaines communes subissent des coupures plusieurs jours par semaine, tandis que d’autres n’ont accès à l’eau qu’à certaines heures. Ces pénuries touchent particulièrement les zones rurales et les quartiers situés en altitude, où la pression dans les canalisations est insuffisante pour assurer un approvisionnement constant.

​La crise de l’eau en Guadeloupe affecte une part significative de la population. En 2021, environ 25 % des habitants, soit près de 100 000 personnes, n’avaient pas un accès quotidien à l’eau potable. Plus récemment, en février 2025, des actes de malveillance ont privé d’eau potable près de 100 000 habitants, touchant 12 communes.
L’irrégularité de la distribution oblige de nombreux foyers à stocker de l’eau dans des bidons ou des citernes, avec le risque que cette eau devienne impropre à la consommation en raison d’un mauvais stockage.

Un impact sanitaire préoccupant

L’accès limité à l’eau potable a des conséquences directes sur l’hygiène et la santé des habitants. Les coupures répétées rendent difficile le maintien de bonnes pratiques d’hygiène, favorisant la propagation de maladies infectieuses et dermatologiques.
De plus, les interruptions de service s’accompagnent souvent d’un retour d’eau trouble ou de mauvaise qualité, ce qui peut entraîner des risques de contamination bactérienne. Dans certaines communes, des habitants se plaignent d’une eau présentant une odeur inhabituelle, signe potentiel d’une contamination. Ces situations augmentent les cas de gastro-entérites et d’infections cutanées, notamment chez les plus fragiles comme les enfants et les personnes âgées.

Des répercussions économiques majeures

Les entreprises, et notamment les commerces et les restaurants, sont durement touchés par ces coupures d’eau. Certains établissements doivent temporairement fermer leurs portes faute de pouvoir garantir les conditions sanitaires nécessaires. Dans le secteur agricole, l’irrigation devient un défi pour les producteurs locaux, menaçant les récoltes et augmentant la dépendance de l’île aux importations.
Les artisans et les professionnels du bâtiment sont également affectés, car certaines activités nécessitant un accès à l’eau en continu deviennent impossibles. Ces difficultés freinent le développement économique local et fragilisent des secteurs clés de l’économie guadeloupéenne.

Une perte de confiance dans les institutions

Les habitants expriment une frustration croissante face à l’inaction des autorités et à l’absence de solutions durables. Depuis des décennies, les promesses de réhabilitation du réseau n’ont pas été suivies d’effets concrets, alimentant un sentiment d’abandon. Cette perte de confiance s’est traduite par des mouvements de protestation, des blocages de routes et même des actes de malveillance contre les infrastructures d’eau.
L’absence de réponses adaptées accentue le mécontentement, et certains citoyens n’hésitent plus à s’organiser pour pallier eux-mêmes les défaillances du service public, notamment en achetant des équipements individuels de stockage ou en recourant à des sources alternatives d’approvisionnement.

En définitive, la crise de l’eau en Guadeloupe ne se limite pas à un simple problème technique : elle impacte directement la qualité de vie des habitants, la santé publique et l’économie locale. Sans une réponse forte et des mesures concrètes, la situation risque de s’aggraver, mettant en péril l’équilibre social et économique de l’île.

 

Actualités récentes sur la crise de l’eau en Guadeloupe

La crise de l’eau en Guadeloupe a récemment été exacerbée par des actes de malveillance et des difficultés financières au sein du Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG).​

Actes de malveillance

En février 2025, des sabotages ont gravement perturbé la distribution d’eau potable. Le 19 février, des actes de sabotage ont privé d’eau potable environ 112 000 personnes, soit près d’un tiers de la population guadeloupéenne, affectant plusieurs communes, notamment Saint-François, Sainte-Anne et La Désirade. Le préfet de la région a fermement condamné ces actes, les qualifiant d’« injustifiables et irresponsables », et a activé le centre opérationnel départemental pour gérer la crise. Ces sabotages ont également conduit à la fermeture d’écoles et d’entreprises dans les zones touchées.

Suspension des subventions par l’État

En août 2024, l’État a suspendu le versement de 12 millions d’euros de subventions de fonctionnement destinées au SMGEAG en raison de « défaillances » comptables. Un rapport du Conseil national de suivi a mis en évidence des écarts significatifs et des lacunes majeures dans la tenue des comptes du syndicat, ainsi qu’un manque de 48,7 millions d’euros dans ses caisses. Le préfet de la Guadeloupe, Xavier Lefort, a qualifié cette situation de « désordre comptable » et a exigé des mesures correctives immédiates. En octobre 2024, après que le SMGEAG a fourni des explications jugées satisfaisantes sur les écarts constatés, l’État a débloqué 3 millions d’euros pour soutenir la trésorerie du syndicat.

Ces événements illustrent les défis majeurs auxquels est confrontée la Guadeloupe en matière de gestion de l’eau, nécessitant des actions coordonnées pour assurer un service fiable et transparent à la population.

 

Les pistes de sortie de crise

Pour remédier à la crise de l’eau en Guadeloupe, plusieurs pistes sont envisagées, impliquant des actions coordonnées du Syndicat Mixte de Gestion de l’Eau et de l’Assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG), de l’État et des collectivités locales.​

Solutions envisagées

  • Mise en œuvre du Schéma Directeur d’Alimentation en Eau Potable (SDAEP) : Lancé en janvier 2023, ce schéma stratégique vise à planifier et gérer efficacement les infrastructures d’eau potable. Il comprend une amélioration de la connaissance des réseaux, une optimisation de la gestion et du fonctionnement, ainsi qu’un programme d’investissement à court, moyen et long terme.
  • Plan d’Action Priorisé (PAP) 2024-2027 : En octobre 2023, un plan d’investissement de 320 millions d’euros a été initié pour améliorer la distribution de l’eau potable. Ce plan, financé par l’État, la Région, le Département et le SMGEAG, vise à sortir 50 000 habitants des tours d’eau (*) d’ici 2026.

(*) Lorsque le réseau d’eau ne permet pas d’assurer une distribution continue à toute la population (en raison de fuites, d’un manque de pression ou d’un déficit de stockage), les autorités mettent en place des rotations. Cela signifie que certaines zones reçoivent de l’eau à certaines heures ou certains jours, tandis que d’autres restent sans approvisionnement pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours.

Responsabilités du SMGEAG

  • Gestion opérationnelle : Depuis sa création le 1ᵉʳ septembre 2021, le SMGEAG est responsable de l’ensemble des missions du service public de l’eau potable et de l’assainissement collectif et non collectif en Guadeloupe.
  • Assainissement financier : Le SMGEAG doit rétablir une situation financière saine pour assurer un service public de qualité. L’État a conditionné son soutien à des résultats concrets, notamment en matière de transparence et de rigueur financière.

Rôle de l’État et des collectivités

  • Soutien financier et technique : L’État, la Région et le Département s’engagent à soutenir le SMGEAG dans sa structuration à long terme, tout en répondant rapidement à la crise de l’eau et de l’assainissement. Cela inclut un soutien exceptionnel et massif de l’État pour accompagner le SMGEAG vers le retour à l’équilibre financier.
  • Contrôle et accompagnement : L’État réaffirme son soutien au SMGEAG, tout en restant ferme quant à la nécessité de respecter les engagements pris. Le contrôle de l’utilisation des fonds publics, associé à une gestion rigoureuse, est indispensable pour surmonter cette crise de l’eau.

Ces mesures combinées visent à assurer une gestion efficace et transparente de l’eau en Guadeloupe, afin de garantir un service fiable aux habitants et de mettre fin à une crise qui perdure depuis des décennies.​

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Guadeloupe, Martinique, Mayotte, Guyane : des crises de l’eau aux enjeux différents

La situation en Guadeloupe est critique, mais elle repose essentiellement sur une mauvaise gestion et un réseau défaillant alors que l’eau est présente en quantité suffisante. En revanche, en Martinique, Mayotte et Guyane, le problème est bien plus grave car en plus des défaillances structurelles, ces territoires font face à une véritable pénurie d’eau potable ou à une contamination de la ressource.

  • Guadeloupe : un problème de gestion et d’infrastructures
    → L’eau est abondante mais perdue à cause d’un réseau vétuste et d’une organisation défaillante. La crise pourrait être résolue avec une meilleure gouvernance et des investissements structurés.
  • Martinique : une ressource contaminée
    → La pollution par la chlordécone rend une partie des sources d’eau impropres à la consommation, ce qui est un problème irréversible et très complexe à gérer, bien au-delà d’un simple problème d’infrastructures.
  • Mayotte : une pénurie d’eau chronique
    → Contrairement à la Guadeloupe, l’eau manque réellement. Il n’y a pas assez de ressources pour subvenir aux besoins d’une population en forte croissance, et les infrastructures existantes ne permettent pas un approvisionnement stable.
  • Guyane : des problèmes climatiques et logistiques
    → La sécheresse accentue les difficultés d’accès à l’eau potable, surtout pour les populations isolées. L’État doit même acheminer de l’eau par avion militaire pour certains villages, ce qui montre à quel point l’accès à l’eau est fragile.

La Guadeloupe a de l’eau mais la gère mal, alors que la Martinique, Mayotte et la Guyane n’ont pas d’eau potable en quantité suffisante ou doivent faire face à des risques sanitaires majeurs. Là où la Guadeloupe pourrait régler son problème avec une réforme efficace, ces autres territoires font face à des défis bien plus structurels et difficiles à surmonter.

 

En conclusion, la crise de l’eau en Guadeloupe illustre les conséquences d’une mauvaise gestion des infrastructures et d’un manque d’investissements stratégiques. Si des plans d’action ont été annoncés pour moderniser le réseau et restaurer une distribution plus efficace, leur mise en œuvre reste un défi majeur. La population, excédée par les coupures récurrentes et les promesses non tenues, attend des mesures concrètes et durables. À l’échelle des autres DOM-COM, les enjeux liés à l’eau varient, entre pollution des nappes, pénurie et infrastructures insuffisantes. Mais en Guadeloupe, où l’eau est disponible en quantité suffisante, le véritable enjeu reste une réforme profonde de la gestion du réseau. Le succès de ces réformes dépendra d’un engagement fort des autorités et d’une meilleure transparence dans l’utilisation des fonds publics.

Groupe Jacques Gaddarkhan

GJG est issu du métier du BTP. Fondé il y a 25 ans et basé en Guadeloupe, le groupe possède aujourd’hui différentes sociétés qui ont toutes pour ADN commun cette brique de bâtisseurs dont la volonté est de préserver les emplois du groupe tout en favorisant le développement durable à travers des pratiques qui s’inscrivent dans la durée. Mr Jacques Gaddarkhan, le président fondateur de GJG, souhaite garder une homogénéité au sein de son groupe et ne cache pas sa vision de vouloir bâtir l’avenir des plus jeunes tout en protégeant les aînés.

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