La Guadeloupe et la Martinique se placent au 5ᵉ rang mondial de la biodiversité et sont, de par leur position insulaire, également vulnérables au changement climatique global. À l’instar des autres îles des Caraïbes, l’agriculture est un secteur important de leur économie qui doit contribuer à atténuer les effets du changement climatique. En parallèle, ce secteur doit aussi s’adapter à l’évolution du climat. Ces deux objectifs peuvent être atteints en renforçant la résilience aux catastrophes naturelles et en s’engageant dans la transition agroécologique, en passant d’une monoculture principalement commerciale à grande échelle à un meilleur équilibre avec une agriculture plus diversifiée et durable destinée à un usage local.
Guadeloupe et Martinique, quel est le moteur de leur économie ?
Sur les deux îles, le tourisme est un secteur important pour l’économie locale, et bien desservi par les lignes aériennes internationales et par les bateaux de croisière. En Guadeloupe, le tourisme est concentré dans le sud de Basse-Terre et dans l’île des Saintes. Le tourisme martiniquais se concentre principalement dans le sud de l’île. Plus de 80% des touristes débarquant sur les îles sont originaires de France métropolitaine et deux tiers restent sur les îles pour des activités de loisirs.
Les touristes d’Europe et d’Amérique du Nord arrivent essentiellement pendant les mois d’hiver, tandis qu’en été, ils proviennent surtout de la zone des Caraïbes. L’évolution du climat crée de nouveaux défis pour le secteur du tourisme, les professionnels du tourisme et les autorités locales. Le changement climatique, tel que des ouragans plus fréquents et plus intenses, constitue un obstacle au développement du tourisme. Ces événements extrêmes réduisent ou endommagent les infrastructures et les ressources naturelles dont dépend le secteur du tourisme. Le changement climatique peut affecter la santé et la sécurité publiques (augmentation de la dengue ou du chikungunya) et accroître les risques naturels, tels que les inondations et les événements extrêmes comme les ouragans. Tous ces impacts ont une incidence négative sur la perception des touristes potentiels.
Nous avons déjà longuement évoqué l’incidence de la crise sanitaire de la Covid-19 qui sévit depuis début 2020, et dont les incidences réelles et complètes ne seront connues et comprises qu’après un retour à la normale qui tarde à venir. Le secteur touristique des Antilles françaises a été touché de plein fouet, à l’instar des hauts lieux touristiques de la planète.
Pôle économique de taille, l’agriculture reste historiquement, socialement et culturellement importante pour l’identité des îles. En 2018, l’agriculture utilisait un tiers de toutes les terres disponibles sur les deux îles. La taille des exploitations variant de moins d’un hectare à plus de 100 hectares.
En tant que pôles économiques de taille, l’agriculture en Guadeloupe et en Martinique occupe une place prépondérante, contribuant significativement à l’économie de ces territoires d’Outre-mer. Ces îles des Caraïbes bénéficient d’un climat tropical propice à la culture d’une variété de produits agricoles. La Guadeloupe, par exemple, se distingue par la production de la banane, qui représente l’un de ses principaux produits d’exportation. De plus, la canne à sucre y est cultivée en abondance, soutenant l’industrie sucrière locale. En parallèle, la Martinique se démarque également par sa production de bananes, mais elle est surtout reconnue pour la culture de la canne à sucre, constituant une base importante pour la production de rhum, une spécialité réputée de la région.
Cependant, ces secteurs agricoles ne se limitent pas à ces deux cultures emblématiques. Les deux îles diversifient leurs activités agricoles pour promouvoir la sécurité alimentaire locale et répondre aux demandes du marché. Ainsi, on observe la culture de légumes, de fruits tropicaux, de tubercules et d’épices, contribuant à la richesse de la production agricole. Malgré les défis tels que les pressions foncières et les variations climatiques, l’agriculture en Guadeloupe et en Martinique demeure un pilier économique essentiel, soutenant les communautés locales et participant au dynamisme économique régional.
Le modèle agricole de la Martinique et de la Guadeloupe
Le modèle agricole distinctif de la Martinique et de la Guadeloupe se caractérise par une prédominance marquée de la canne à sucre et de la banane dans le paysage agricole des Antilles françaises (FWI). La canne à sucre, dont une part significative (60%) est destinée à l’exportation, joue un rôle central dans l’économie de ces îles. Elle alimente non seulement l’industrie sucrière locale mais contribue également à la renommée mondiale des rhums produits dans la région. De même, la banane, représentant 95% des fruits exportés, est une composante majeure du modèle agricole insulaire, avec la France métropolitaine comme principal marché d’écoulement.
Cependant, l’évolution du modèle agricole s’observe également à travers une diversification progressive. Les Antilles françaises, conscientes de la nécessité de promouvoir la sécurité alimentaire et de répondre aux attentes changeantes des consommateurs, élargissent la palette de leurs productions. Au-delà de la canne à sucre et de la banane, une variété de légumes, fruits, tubercules et fleurs sont cultivés sur le territoire, bien que leur contribution à la consommation locale soit actuellement estimée à 25%. Cette démarche vise à réduire la dépendance aux importations tout en encourageant une agriculture plus diversifiée et durable, en harmonie avec les besoins de la population locale et les impératifs environnementaux. Ainsi, le modèle agricole en mutation des Antilles françaises reflète une volonté de concilier tradition, innovation et souci de l’autosuffisance alimentaire.
Le changement de climat saisonnier affecte le processus de culture
Au cours de la dernière décennie, les îles de l’archipel des Antilles françaises (FWI) ont été confrontées à une série d’événements climatiques d’une intensité variable, chacun laissant une empreinte significative sur le secteur agricole. Les ouragans, tempêtes tropicales et variations climatiques ont généré des défis redoutables, mettant en évidence la vulnérabilité de l’agriculture locale face aux caprices du climat.
Ces événements climatiques ont engendré des perturbations considérables dans la production agricole, affectant particulièrement les cultures emblématiques telles que la canne à sucre et la banane. Les vents violents, les pluies torrentielles et les périodes de sécheresse ont compromis la stabilité des récoltes, entraînant des pertes significatives pour les agriculteurs locaux. La nécessité de renforcer la résilience du secteur agricole face aux aléas climatiques devient ainsi une préoccupation majeure.
Dans ce contexte, les autorités et les acteurs du secteur agricole des Antilles françaises se mobilisent pour mettre en place des mesures d’adaptation et d’atténuation. Cela inclut l’investissement dans des infrastructures résilientes, l’introduction de pratiques agricoles durables et la recherche de variétés de cultures plus résistantes aux conditions climatiques extrêmes. Face à ces défis, l’adaptabilité et l’innovation deviennent des éléments clés pour assurer la pérennité du modèle agricole de la Martinique et de la Guadeloupe dans un contexte climatique en évolution constante.
Bien que la température moyenne annuelle dépasse généralement 18 °C, les observations climatiques indiquent un changement ou un décalage des saisons. Le moment et le volume des précipitations deviennent difficiles à anticiper. Les témoignages des agriculteurs et des producteurs de canne à sucre et de bananes indiquent que les deux saisons ne sont plus aussi clairement définies. Les bananiers et les cannes à sucre sont sensibles aux conditions climatiques. Par conséquent, la planification de la coupe de la canne à sucre et la gestion du traitement des bananes deviennent plus difficiles.
Un climat qui a une incidence directe sur la qualité des productions agricoles
Un problème majeur lié au climat pour la culture de la canne à sucre est le rendement et les concentrations en sucre de plus en plus irréguliers. En Guadeloupe, les changements climatiques ont eu pour incidence de troubler les rendements de la culture de la canne à sucre, produisant des concentrations en sucre plus ou moins faibles selon les années. Ainsi, les années marquées par des pluies abondantes ont entraîné une réduction du niveau de sucre. L’augmentation des maladies fongiques telles que le Sigatoka noir sur les bananiers ou le greening des agrumes à transmission vectorielle (insectes) sur les citronniers sont d’autres défis liés au climat pour les agriculteurs. Le Sigatoka noir (Mycosphaerella fijiensis) sur les feuilles de bananier est une maladie fongique dont le développement est favorisé par une forte humidité, et qui réduit la production de fruits. Les plantes infectées doivent également être détruites, ce qui réduit et interrompt encore la production de bananes.
Les ouragans autre défi des agriculteurs
Les ouragans ont par ailleurs un effet négatif sur la production agricole. Les peuplements de bananes sont particulièrement touchés par les vents violents qui brisent les plantes hautes et fragiles. Lorsque les plants de bananes sont renversés par le vent extrême associé aux ouragans, deux stratégies agricoles peuvent être suivies en fonction du degré de destruction. Si les plants sont récupérables, ils sont coupés à mi-hauteur ce qui permet la plupart du temps une repousse, le procédé se nomme le cyclonage. Cela concerne les plants mis en terre depuis au moins 4 ou 5 mois et permet aux plantes de continuer à pousser pendant l’année. En revanche, si les plantes sont complètement détruites, les champs sont laissés en jachère avant d’être replantés lors de la saison suivante. Dans ce cas, une nouvelle récolte n’est pas possible avant plusieurs années.
Faire face au changement climatique via une agriculture écoresponsable
Face au défi de l’adaptation au changement climatique, la transition agroécologique des cultures d’exportation que sont la banane et la canne à sucre vers la production alimentaire pour les marchés locaux, offre une base pour concevoir des services climatiques innovants.
Le pôle agriculture de GJG, utilise des techniques propres, durables et écoresponsables. Les engrais utilisés par le groupe sont bio et les cultures sont exemptes de pesticide. C’est dans cet esprit de durabilité et d’optimisation des processus de production, de gestion d’optimisation des déchets et de développement durable que s’inscrit l’action du pôle agricole du GJG.